mardi 4 mai 2010

INTRODUCTION

La philosophie de Plotin s’est préoccupée de la question du beau, bon et du bien en bref de la notion de l’art comme étant un principe d’une réalité supérieure. Ce principe se fonderait sur la croyance à la possibilité d’une union intime de l’âme humaine à l’Un comme principe premier. Cette union se dévoile comme un mode d’existence et une connaissance. Il sera question de montrer comment Plotin explique la dialectique qui selon nous est une démarche d’ordre esthétique que nous désignons par la montée de l’homme vers le bonheur. C’est en fait en cela que consiste essentiellement dialectique de notre auteur. Mais avant d’abonder dans notre sujet, il serait bon de voir l’homme dans son origine et surtout la nature de l’âme humaine. Provenant de la théorie du mouvement de la procession qui est le processus par lequel le monde est engendré par l’Un principe premier, l’âme est la troisième hypostase qui se trouve dans le corps et doit nécessairement retourner vers son origine. Telle est en effet, l’origine de l’âme humaine.
L’art dans son essence se veut aussi une recherche du beau et ce beau ne se trouve en plénitude que chez l’Etre premier. Notre auteur ne traite de l’homme et du monde qu’en fonction d’une mystique transcendante qui en est la cause première en considérant les créatures comme émanant de lui et cherchant à remonter vers lui. En effet, on peut se poser la question de savoir : qu’est ce qui rend une personne ou une chose belle ? Dans cette interrogation, nous entrevoyons déjà l’intuition initiale de l’art. Cet art est selon Plotin une certaine façon de vivre qui concerne l’homme non seulement de façon sensible mais dans ce qu’il a d’intelligible. Et Plotin a donc raison de présenter le bonheur de l’âme comme étant à un niveau supérieur que le sage doit chercher « celui qui doit être sage et heureux prend son bien d’en haut ; c’est là haut qu’il tourne ses regards, qu’il prend son modèle et sa règle de vie »
Notre travail consiste à un retour de l’âme vers le principe absolu. Ce retour n’est rien d’autre qu’une recherche esthétique à travers les bonnes et belles actions. Depuis Baumgarten, la recherche de l’autonomisation de l’art s’est déplacée d’une simple admiration visuelle à une quête humaniste qui aide l’homme à concevoir de nouvelles valeurs pour être participant de la création de Dieu. En effet, l’art peut désormais s’étudier à travers la politique, la morale, l’éducation, la religion et la métaphysique. Pour notre part, nous explorerons la pensée de Plotin dans l’approche morale, métaphysique et même religieux. Comment Plotin entrevoit- il qu’une âme puisse accéder à la beauté ? Quelles sont les différentes étapes qui renvoient à cette recherche de la beauté ? Telle est la toile de fond qui va meubler notre essai.


I. LA DIALECTIQUE DESCENDANTE (cf. Ennéades I, 3, 1)

Les hypostases (Un, Intelligence, Ame) sont des voies dont l’Etre suprême de Plotin se sert pour se manifester. Cette manifestation de l’Un se fait par progression en partant de l’Un de qui découle l’Intelligence puis l’Ame. Ce processus d’émanation est dit dialectique descendante. Ainsi, l’Un descend vers les êtres qui lui sont inférieurs sans jamais se dégrader. Car, il est simple, parfait et surtout unité totale.

1. L’Un principe premier (cf. Ennéades V, 2, 1)

L’Un est présenté comme la perfection totale, il est principe toute génération. On peut lui attribuer tous les caractères divins. C’est donc la perfection qui confère à l’Un le pouvoir de procréer et de transmettre, à travers la création, une partie de sa perfection. C’est donc pourquoi l’être qui est engendré immédiatement après lui devient supérieur à tous les êtres. Avec la création, il y a altération progressive de l’état de perfection dans l’Intelligence. Par conséquent, l’Intelligence ne saurait égaler l’Un en perfection. Car dans l’ordre de l’existence, l’Un précède l’Intelligence, puisqu’il est antérieur à la pensée qui n’est rien d’autre que l’acte de l’Intelligence. Grâce à sa permanence et à sa perfection, l’univers eternel s’ouvre au devenir. Ne souffrant d’aucun manque, l’Un vit dans la surabondance. Cependant toutes choses conservent quelque chose de lui, car il en est le principe générateur. C’est pourquoi, on peut dire que les êtres nés de lui participent puisqu’ils reflètent une image de lui. Pour être plus explicite Plotin utilise l’image du soleil et des ses rayons « c’est comme le rayon lumineux qui part d’en haut, se rattachant au soleil, mais ne refuse pas de fournir la lumière à l’être inférieur » . Par cette analogie, nous disons que le soleil est l’Un et les rayons les deux autres hypostases. En effet, les choses provenant de l’Intelligence et de l’Ame portent la trace de l’Un. Nous pouvons par conséquent avoir une idée approximative de ce que n’est pas l’Un en admirant les choses qui émanent de lui par procession.

2. L’Intelligence ou Intellect divin (cf. Ennéades V, 1, 4)

Il provient de l’Un et est principe organisateur et acquiert son attribut d’Intelligence que par un mouvement de retour vers le principe premier pour pouvoir participer à la divinité. La vie de l’Intelligence est constituée essentiellement du désir du bien. Il possède en plénitude la pensée et reflète davantage la beauté de l’Un plus que les autres êtres créés. Il demeure toujours en contemplation devant l’Un. Le rapport qui s’établit entre l’Un et le premier être généré est donc celui de l’original à l’imitation. Cette imitation est loin d’être la copie conforme de l’original, mais du mieux qu’il peut, l’Intellect imite l’Un en qui la perfection et le bien sont éternellement actualisés. C’est en ce retour que l’Intellect trouve le sens de son existence. L’on peut dire que si la perfection diminue de l’Un à l’Intellect, la dégradation suit également le même cheminement.

3. L’Ame (cf. Ennéades (cf. V, 1, 4)

L’Ame est celle qui agit directement sur le monde « C’est toute âme qui crée tous les animaux en leur insufflant la vie » . En effet, elle exerce ses puissances de façon différentes dans le monde. Parmi les trois hypostases, elle est celle qui est responsable de l’animation du monde, la genèse du cosmos s’opère par sa médiation. En effet, telle que présentée, elle fait ressortir une création graduelle ; puisque l’âme qui fait advenir le monde à l’être est plus parfaite que le monde. Sans Ame, il ne reste plus que la matière obscure. Ainsi donc, l’Un se révèle être le principe générateur du monde. C’est cette perfection qui lui confère le pouvoir d’animer et d’ordonner le monde. Ainsi, nous présentons la fonction de l’Ame en trois moments. Il faut cependant noter que c’est une seule et même Ame qui se divise et remplie ces trois fonctions :
-L’âme avant la chute : il est à noter que l’Ame est aussi un être divin et avant d’atterrir dans le corps, elle était dans le monde intelligible. Elle est cependant la dernière hypostase en dessous de laquelle il y a la matière et organise le monde ou la matière. Par ce processus d’organisation sa puissance atteint les animaux, les végétaux et les hommes.
-L’âme dans le corps : du moment où l’âme entre dans un corps et qu’elle s’attache aux objets sensibles, l’image du divin se masque en elle d’où l’éloignement. Cet éloignement de l’âme est la cause même de son enfermement dans le corps. Car, elle oublie son origine et devient prisonnière. Plotin nous décrit cette situation d’oubli
« Restée (l’âme) pendant longtemps dans cet éloignement, et cette séparation du tout, sans diriger son regard vers l’intelligible, elle devient fragment, elle s’isole, elle s’affaiblit, elle multiplie ses actions et n’envisage que des fragments ; appuyée sur un seul objet séparé de l’ensemble, (…) elle lui est présente et y pénètre enfin en grande partie. Voilà d’où vient ce qu’on appelle la perte des ailes et l’emprisonnement dans le corps » .
-L’âme dans son désir d’ascension : si au cours de la procession l’âme se retrouve emprisonnée dans un corps surtout dans l’homme, elle doit chercher à retourner vers son origine par un processus de réminiscence. En effet, pour y parvenir les occasions ne manquent pas. Elle peut le faire à travers l’esthétique ou cette sagesse mystico-philosophique que Plotin propose avec la dialectique ascendante.


II. LA DIALECTIQUE ASCENDANTE (cf. Ennéades I, 3, 4-5-6)

Seul l’homme a le privilège de vivre ce moment essentiel qu’est la réminiscence. C'est-à-dire se ressouvenir de ce qu’elle était avant sa descendante dans le corps. Ce souvenir va le pousser à chercher son état primordial qui état un état de bien être culminant dans la contemplation. D’où l’art qui se dessine dans cette montée vers l’Un. Cette montée va se faire à trois niveaux que sont : l’émotion, la vie vertueuse et la contemplation.

1. Les plus aptes à contempler la beauté
La vue de la beauté sensible provoque une émotion et Plotin retient un certain nombre de personnes seules aptes à s’élever dans une sorte d’extase. Cette catégorie est constituée des amants, des musiciens et des philosophes.
-Le musicien (cf. Ennéades I, 3, 1) s’émeut face au son d’une belle musique qui produit une certaine harmonie des différents sons, instruments qui respectent la mesure et un rythme précis. En effet, le musicien cherche à éviter toute dissonance et s’accorde à maintenir un son agréable qui l’aidera à entrer dans une joie qui le portera dans une extase. Mais le processus de la montée de l’âme vers l’Un ne pourra commencer que lorsque le musicien comprendre que cette harmonie musicale n’est qu’un reflet de celle qui se trouve ‘‘là-bas’’. C’est à ce instant seulement qu’il passera du sensible pour rechercher la beauté supérieure qui n’est pas de l’ordre du sensible.
-L’amant (cf. Ennéades I, 3, 2) qui s’éveille à la vu du beau corps de sa bien aimée est entrainé dans une sorte d’extase. En effet, l’amour que tout homme éprouve pour une belle chose peut être élevé vers l’amour de la vie spirituelle et intellectuelle qui lui fait ressembler à l’Un. Ainsi, l’amour ente amants fait découvrir une sensation de bien être et de bonheur. Il ne faut cependant pas s’arrêter à ce niveau. Il faut le dépasser pour commencer l’ascension vers la beauté suprême qui ne débute que lorsque l’amant comprend que cette beauté n’est qu’éphémère et qu’il doit chercher à s’unir à l’auteur de cette beauté sensible et rechercher la beauté éternelle. Malgré cela, il ne faut pas considérer cette recherche comme un mépris radical du corps mais seulement un moyen permettant de partir à la contemplation supérieure seule capable de combler les attentes de l’homme.
-Le philosophe (cf. Ennéades I, 3, 3) est celui qui effectue le plus tôt possible le chemin de l’ascension. Car, ayant contemplé les Idées dans le monde intelligible. Il n’a besoin de rien pour être stimulé vers l’ascension car il est un amoureux de la vérité et de la sagesse. « Le philosophe à une disposition naturelle à s’élever » . Car, il vit selon les réalités d’en haut, il sait que ce monde est éphémère.

2. L’analogie du sculpteur (cf. Ennéades I, 6, 6-7-8-9)

La recherche d’une vie vertueuse à travers l’exercice des vertus civiques ou morales concerne spécifiquement l’homme qui devrait chercher à ressembler à Dieu ou l’Un qui est la source de tout bien.
Ainsi, la vie vertueuse se vit à partir des vertus civiques ou morales. En effet, l’homme pratiquer les vertus pour fuir ce monde constitué de la matière et des maux. Cette fuite n’est rien d’autre qu’un détachement progressif que l’âme fait pour quitter la matière et aller vers un état spirituel. Cette fuite se traduit dans la recherche des belles actions en ce monde qui sont l’exercice de la vertu. Il s’agit simplement d’un changement de vie. En effet, en vivant cette vie vertueuse, l’âme humaine arrivera à la vie intelligible qui lui fera ressembler à l’Un. Car, les vertus morales font apparaître l’éclat de l’Un en l’homme de par sa belle âme.
Les vertus morales à développer pour une cité juste sont : la tempérance, le courage et la sagesse. Il faut par ailleurs la prudence pour accorder les désirs à la raison. L’âme soumise à la matière subit la contrainte du manque et de la limite. Il lui faut la vertu de la prudence pour accorder les désirs à la raison. Le passage de l’âme par la vie vertueuse est obligatoire pour qu’elle redevienne simple et purifier, et surtout afin d’éviter de s’éparpiller dans les considérations sensibles. Pour en convaincre plus à ce sujet de purification, Plotin emploi l’analogie du sculpteur qui fait une œuvre de d’épuration jusqu'à ce qu’il atteigne la forme désirée.
« Reviens en toi-même et regarde ; si tu ne vois pas encore la beauté en toi, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle, il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie jusqu’à ce qu’il dégage des belles lignes de marbre ; comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui est oblique, nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant ; et ne cesse pas de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que l’éclat du divin de la vertu se manifeste , jusqu’à ce que tu voies la tempérance siégeant sur un trône sacré» .
Par cette invitation l’auteur des Ennéades nous dévoile la manière digne et noble par laquelle l’âme doit se débarrasser du monde sensible pour retrouver son éclat premier. Donc, les vertus sont des instruments pour arriver à nous affranchir des passions de ce monde si beau qui n’est cependant qu’une image du ‘‘là- bas’’. L’âme dans un corps est comme une personne dans un vêtement. Ce vêtement de l’âme qu’est le corps peut perturber son action et surtout sa montée vers le monde intelligible. Comme nous l’avons démontré dans la procession des hypostases, l’âme doit retourner à son origine comme un homme se débarrasse de ses vêtements quand ceux-ci deviennent gênants lors de ses mouvements.
Par l’analogie du sculpteur, il considère l’homme comme étant un reflet de la beauté divine qui est masquée par quelque chose d’étranger. Cette chose étrangère n’est rien d’autre que la laideur morale qui recouvre l’éclat du divin caché en l’homme. Pour faire apparaitre cette beauté cachée, l’homme doit comme le sculpteur tailler, purifier, gratter à travers les belles actions et surtout travailler avec beaucoup de patience et de soins pour faire éclore la beauté de son âme afin de ressembler à l’Un.
Pour Plotin, ressembler à l’Un, c’est se débarrasser du superflu qui est en nous. Ce superflu n’est rien d’autre que les passions que l’âme a rencontrée en ce monde sensible. Cependant en entrant dans le monde l’âme n’a pas perdue quelque chose. Son malheur est plutôt de s’être encombré des choses inutiles qui la rabaisse au rang du sensible. Il faut simplement qu’elle se ressouvienne de son origine et de tenter alors un retour. Allant sur les pas de Plotin et pour une compréhension accessible de cette quête du beau, Michel Kouam nous édifie en ces termes « l’accomplissement de l’homme ou la quête du bonheur de l’âme est possible par une sorte de ‘‘catharsis’’ : purification en vue de la simplicité de l’âme appelée à la contemplation » .


3. La contemplation ou l’extase (cf. Ennéades VI, 9, 7)

La purification de l’âme par une vie vertueuse n’est rien si elle n’est pas tournée vers sa source qui est l’Un. Parvenu à ce niveau, l’âme est préoccupée de se fixer et s’unir à l’Un. Ainsi, elle doit ressembler à l’Un dans une sorte de fusion que notre auteur nomme contemplation. L’expérience de la contemplation est si émouvante qu’on arriver à un oubli de soi. Cette fusion plonge l’âme dans un bonheur qu’elle a tendance à vouloir rester. Car, elle est arrivé au terme de son processus ici, même les belles actions du monde sensible sont indignes. Et Plotin de nous dire que l’âme qui a contemplé l’Un peut si elle le veut revenir pour dire ce qu’elle a contemplé, il le dit en ces termes « si l’on est uni à Lui, si l’on a eu avec Lui un commerce suffisant, qu’on aille annoncer aux autres, si l’on peut, ce qui est l’union là-bas (…) ou bien, si l’on estime les occupations politiques indignes de soi, qu’on reste là-haut, si on le veut : telle sera la conduite de qui est a beaucoup contemplé » . Le retour à l’Un demande à l’âme une intériorisation dans son élan de contemplation. Il s’agit de se couper de la réalité sensible pour admirer le principe grâce auquel elle crée toute chose dans le monde. Après unité de ses deux parties à savoir celle qui agit dans le monde et la partie supérieure au voisinage de l’intelligence, elle la contemple sous toute sa forme. Son ascension est motivée par la quête d’un bien et cette quête se perfection encore plus lors qu’elle atteint l’Intellect.
La contemplation devient parfaite lorsque le sujet qui contemple entre dans un rapport d’identité avec l’objet de la contemplation. Celle-ci se définit donc comme un cheminement tel que le présente Plotin : « la contemplation est en progrès de la nature à l’âme, et de l’âme à l’intelligence ; elle devient chaque fois plus intimement unie à l’être qui contemple » . Au niveau de l’Intelligence, il y a identité entre le sujet qui cherche le bien et l’objet de sa recherche. Il importe donc pour retourner à l’Un de lui ressembler.
Le retour vers le principe premier est une nécessité pour l’âme qui a toujours besoin d’effectuer une ascension vers ses origines. En effet, le bien dans le monde en dépend puisque des trois hypostases desquelles tient le monde, c’est elle qui est en relation avec lui. C’est la couroi de transmission entre le monde et le principe premier en qui réside la perfection. Dans cette perspective, on peut donc de dire que ce n’est que dans la contemplation que l’âme se retrouve pleinement son identité divine : l’âme n’est âme que par la contemplation, c’est le moyen excellent de parvenir à l’Un. Et c’est dans cette contemplation que l’âme puise les éléments qui lui permettent de conserver son état de perfection. Cette contemplation à laquelle soit s’efforcer l’âme peut être assimilée à un exercice personnel auquel tout homme peut se livrer afin d’entrer en contact avec les réalités supérieures. C’est même un entraînement l’homme dans une sorte de méditation perpétuelle qui le met en relation avec les réalités intérieures ou supérieures. Car, la relation à l’Un en passant par l’Intellect divin exige une vie intérieure qui crée le silence, renferme le sujet sur lui-même et l’élève vers les réalités éternelles.

INTERET PHILOSOPHIQUE

La préoccupation que nous portions au début de ce travail était d’examiner la question esthétique dans la pensée de Plotin. Nous sommes partis d’une certitude que tout provient de l’Un par sa pure bonté. Tout compte fait, nous rencontrons chez notre auteur une préoccupation effective de la question du beau, du bien et du bon. La démarche adoptée par Plotin pour atteindre cette esthétique revêt une connotation mystique qui permet de remonter vers le principe premier qui est à l’origine de tous les êtres. Comme le souligne Kouam Michel « le but suprême de la philosophie est la connaissance du Bien ; et le chemin du Beau est la première étape sur la route de ce Bien, c'est-à-dire de Dieu lui-même » .
De fait, la fuite de l’âme vers l’Un exprime la qualité d’une âme qui s’est souvenue de son origine et qui veut la rejoindre. Car, l’âme loin de l’Un son principe originel et contemplant la beauté et la grandeur des choses sensibles se perd. Mais par le retour à elle-même et grâce à l’activité philosophique, elle découvre qu’il y a une beauté bien plus supérieure à celle des corps sensibles et dont la grandeur et l’éclat sont sans limite. D’où cet éveil, au retour vers l’Un qui se fait dans un ordre éthique (moral) à travers les belles actions que l’homme pose dans ce monde sensible. C’est ce retour à Dieu, le voyage ascensionnel vers Dieu comme source de tout, où tous les vœux de l’âme sont comblés et où elle trouve le vrai bonheur en union parfaite avec Dieu.
Il serait aussi bon de faire une nuance dans la conception du corps chez notre auteur. En effet, Plotin demande de ne pas accorder au corps trop de considération. Car, le corps relève de ce qui est de l’ordre du périssable, on ne doit pas s’attarder à lui accorder trop d’importance mais cela ne veut pas aussi dire que l’on doit aussi le mépriser à l’infini. En effet, le corps est l’instance première de révélation de l’homme. Dieu a donné un corps à l’homme c’est pour qu’il s’en serve. L’homme devrait donc se servir de son corps de la façon la plus noble et avec dignité et savoir que sa réalité dernière est de chercher le monde eternel. C’est dans ce sens que Jacques Maritain affirme que l’homme est une personne et une entité multidimensionnelle qui « Possède une dignité absolue parce qu’elle est en relation directe avec le royaume de l’être, de la vérité, de la bonté, et avec Dieu ; et c’est seulement par là qu’elle peut arriver à son entier accomplissement. Sa patrie spirituelle consiste dans l’ordre entier des choses qui ont une valeur absolue, et qui reflétant en quelque manière un absolu divin supérieur au monde, ont en elles la capacité d’attirer vers cet absolu ».
Pour terminer, nous pensons que le philosophe est non seulement un contemplatif mais et surtout un missionnaire et éclaireur. Car, après avoir contemplé, le philosophe doit pouvoir apprendre aux autres qui ne sont pas encore passés par là, le détachement des apparences de ce monde pour se tourner vers les choses qui sont vraies et éternelles. En effet, l’homme qui arrive à la contemplation doit également s’occuper de l’organisation de la cité en vue d’un mieux être.

CONCLUSION

Au terme de notre travail que retenir d’esthétique dans la pensée de Plotin ? L’esthétique plotinienne consiste principalement à chercher à rendre son âme belle en posant de belles actions en vue d’une parfaite union à l’Un principe de toutes choses en qui se trouve la plénitude de la perfection. En effet, c’est grâce à notre âme que nous nous approchons le plus prés de l’Un.
Cependant, il arrive que l’âme oublie son origine et se fie au confort matériel de ce monde. Cette oubli est dû au fait que l’âme entretient des liens étroits avec le corps, raison pour laquelle elle éprouve d’énormes difficultés à se détacher du sensible. L’effort à déployer consiste en un ressouvenir de son origine puis cherché à retourner d’où elle est venue. Ce retour se fait à travers une vie vertueuse qui est le début de l’ascension de l’âme vers l’Un. Nous pouvons aussi souligner que la démarche esthétique de Plotin exige que l’homme vive continuellement dans la recherche et l’Un.
En conclusion, nous voulons faire nôtre cette invitation lancée par Plotin dans l’analogie du sculpteur. Car, il est possible que tout homme qui désire la vie bienheureuse puisse s’efforcer à accomplir des actions vertueuses par amour du bien. En effet, l’amour que tout homme éprouve pour une belle chose peut être élevé vers l’amour spirituel qui lui fera ressembler à l’Un. Il en résulte que l’amour est la démarche de toute activité vers le principe premier.


























BIBLIOGRAPHIE

A- Ouvrages de l’auteur

1. Ennéades I, Paris, Belles lettres, 1928, 134p.
2. Ennéades V, Paris, Belles lettres, 1967, 173p.
3. Ennéades VI, première partie, 1983, 212p.
4. Ennéades VI, deuxième partie, 1981, 297p.


B- Autres ouvrages

1. Baladin N., La pensée de Plotin, Paris, P.U.F, 1970, 128p.
2. Bousquet F., L’esprit de Plotin : l’itinéraire de l’âme vers Dieu, Québec, Naaman, 1976, 83p.
3. Gaarder J., Le monde Sophie, Paris, Seuil, 1995, 557p.
4. Kouam M., Esthétiques III. La philosophie, un art de vivre. De la beauté de l’âme chez Plotin et Saint Augustin, Yaoundé, Terroirs, 2009, 218p.

C- Dictionnaires et Encyclopédies

1. Lalande A., Dictionnaire technique et critique de la philosophie, Paris, P.U.F, 1926, 323p.
2. Russ J., Dictionnaire de philosophie, Paris, Bordas, 1991, 366p.









TABLES DES MATIERES


INTRODUCTION…………………………………………………….…1

I- LA DIALECTIQUE DESCENDANTE..........................…...2
1. L’Un principe premier…………………………………………….2
2. L’intelligence ou Intellect divin…………………………………..3
3. L’Ame…………………………………………………………….3

II- LA DIALECTIQUE ASCENDANTE……………………....4
1. L’émotion…………………………………………………………4
2. La vie vertueuse…………………………………………………..5
3. La contemplation…………………………………………………6

III- INTERET PHILOSOPHIQUE………………………………8

CONCLUSION……………………………………………………….…10

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………..11

TABLES DES MATIERES…………………………………………….12

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