dimanche 9 mai 2010

TIC en éducation

INTRODUCTION

Les avancées de la science et de la technologie ont apportées des modifications notables et indispensables dans les méthodes et les stratégies d’acquisition des connaissances de l’homme. Prenant en compte les différentes utilités et facilités qu’offre l’introduction de ces avancées scientifiques et technologiques en éducation , les pédagogues contemporains parlent des TIC pour rendre compte de ces nouvelles approches inévitables dans le processus d’apprentissage. Rappelons qu’une approche pédagogique peut s’entendre comme l’ensemble des démarches et méthodes utilisées dans l’éducatif. Or, les TIC, entendues Technologies de l’Information et de la Communication, en s’incorporant dans la pédagogie apportent bien de problèmes nouveaux. Les questions de la relation éducative, du rapport de l’éduqué et de l’éducateur avec le contenu éducatif et bien d’autres sont à repenser. Ce qui nous importe dans ce travail c’est de réfléchir sur les approches pédagogiques en éducation et les TIC. Un tel sujet, tout en tenant compte des sensibilités individuelles et des orientations pédagogiques de divers éducateurs, doit évoluer autour d’une problématique bien circonscrite.
Notre approche de cette thématique sur les TIC en pédagogie éducative veut mettre en exergue la démarche qu’utilise l’éducateur pour stimuler les éduqués à se familiariser et à utiliser les TIC dans leur processus d’éducation. Il serait aussi important de voir les modifications qu’apportent les TIC en pédagogie. En tenant compte des observations faites par bien de chercheurs intéressés par la problématique des TIC en éducation, nous voulons exposer succinctement les idées de Jacques Wallet à ce sujet, quitte à bien les compléter par les apports plus ou moins concordants d’autres penseurs.
Nous évoluerons en suivant un plan tripartite à savoir : l’historicité et généralité des TIC, les différentes approches et la portée philosophique de ce travail autour de la question peut on se passer des TIC ?

I APPROCHE HISTORICO-GÉNÉRALE DES PEDAGOGIES ET LES TIC

S’intéresser à l’approche des TIC en éducation, c’est aussi prendre en compte non seulement l’histoire de leur entrée en éducation, mais aussi la généralité des approches des TIC. Ceci afin de mieux cerner l’évolution de leurs influences et les changements apportés dans tout le processus éducatif.

I.1. Historicité de l’approche des TIC

Si une typologie des typologies des usages des TIC en éducation donne un regard panoramique de vingt quatre auteurs sur une période de vingt trois années, allant de 1980 à 2003 , il ne manque pas d’auteur qui situe l’influence des TIC bien plus tard. Dans une enquête sur l’intégration des TIC dans les écoles sur une période de dix ans, Guidotti pense que le principal problème est celui du coût d’investissement qui demeure un défit important. Ce qui n’empêche pas pour autant d’établir un plan standard d’accommodation des écoles avec les TIC.
De plus on constate que malgré la relative lenteur dans l’intégration des TIC dans tous les milieux éducatifs, surtout dans les pays en voie développement, que le comportement des éduqués à se servir des TIC évolue très positivement. Les travaux de Bernard Le Vot confortent cette idée. Il montre qu’entre 1996 et 2000, le nombre de message échangé entre professeurs et étudiants au Forum national est passé de 100 à 580. Décidément il y a lieu d’affirmer un changement réel du rapport de l’élève au savoir.
Etant entendu le vaste champ dans lequel les TIC sont utilisées en pédagogie, nous nous fions aux travaux de Watts qui en offre une synthétisé. Nous constatons en effet que la compréhension de Watts sur l’utilisation de l’ordinateur et donc des TIC dans l’éducation en général est assez pertinente. En énumérant les douze possibilités d’usage des TIC dans une école par exemple, il jette comme une grille récapitulative de l’utilité des TIC en éducation. De fait, de 1981 à 2003, il y a une réelle facilité à ramener plusieurs typologies proposées par d’autres auteurs à celle de Watts, selon que celles-ci apportent une innovation ou pas.

I.2. Généralité dans l’approche des TIC

Plusieurs raisons sont à la base de l’usage des TIC en pédagogie. En plus de l’idée d’utiliser les moyens qu’offrent la science et les nouvelles technologies pour faciliter le travail pédagogique, on note chez certains auteurs la volonté d’user les TIC pour fonder la crédibilité des résultats des sciences . Notons d’emblée que l’introduction des TIC en pédagogie relève de nos jours d’une nécessité, voire d’une obligation de « faire évoluer les contenus et les compétences à enseigner » comme le pense Gilles Braun . Eu égard aux constats consensuels de Jacques Wallet sur quelques méthodes émergentes d’utilisation des TIC, nous pouvons aborder les différentes approches selon des critères sociaux, ethniques, spatio-temporels, de perspicacité, voire public, etc.
-Approche techno-centrée et approche ethno-centrée : Elles sont dites dépassées, eu égard à leur penchant traditionnaliste et à leurs attachement à certaines valeurs qui font appel à la dureté. Mais elles débattent des TIC et se fondent sur des principes de type culturels ou de types économiques. La motivation de l’apport de la modernité tient aussi compte des tendances à l’imitation de ce qui se fait ailleurs et de la facilitation de l’acte d’apprentissage.
-Approche personnelle et sociale qui porte les éducateurs à se servir des TIC dans la préparation de leur cours et dans les échanges entre collègues. Ce qui permet d’espérer que cette solidarité et partage vécus en amont descende en aval chez les éduqués.
-Approche trop médiatisée qui traduit une utilisation exagérée des TIC. Ce ne sont plus seulement les fins pédagogiques qui justifient l’utilisation des TIC, mais une volonté à peine voilée de montrer une capacité financière et le désir d’utiliser les dernières sorties de la science. De ce fait les TIC cessent d’être des moyens au service de l’éducation pour devenir. L’éducation et toute sa structure risque de devenir une espace favorable pour la publicité des TIC.
-L’approche relationnelle des TIC qui valorise la dimension comparative, en permettant de relier plusieurs établissements scolaires entre elles et rendre possible l’échange des informations et des données intellectuelles.
L’approche spatio-temporelle des TIC qui relativise l’importance accordée à l’usage des TIC en éducation, en tenant compte de son histoire et de la permanence plus ou moins objective des problèmes liés à leurs utilisations.

Ces différentes approches des TIC en pédagogie ne sont pas exhaustives. Il en est qui regroupe en Six toutes les différentes approches, notamment dans les sciences de l’éducation et les enjeux et finalités d’une discipline. Mais en les observant très attentivement et selon d’autres repères d’analyse, on peut parler de trois approches : réflexive, inductive et d’essai.

II DIFFERENTES APPROCHES PEDAGOGIQUES ET LES TIC

En réfléchissant sur les différentes approches des TIC par les pédagogues, nous voulons surtout mettre en exergue le non-dit de leurs démarches. Il sera question de dire ce que ferait un pédagogue qui aborde les TIC de manière dite réflexive, inductive ou tout simplement par essai.

II.1. Approche réflexive des TIC
-But de l’approche réflexive des TIC.
L’approche réflexive des TIC se donne pour mission de critiquer les sources des informations. Pour ce faire elle croise les différentes données et s’inscrit dans une incorporation des TIC de manière constructiviste ou intégrationniste.

-Rappel historique sur l’approche réflexive
Historiquement cette approche s’inspire amplement des travaux de John Dewey qui fit en 1933 une remarque à la suite des démarches qu’un enseignant doit développer. Selon lui en effet, l’intervention d’un enseignant devrait être le fruit d’un processus de réflexion qui puisse permettre de justifier et de prévoir les conséquences de son action. Ainsi, l’enseignant devrait entreprendre sa planification comme une allure de résolution des problèmes, ceci lui permettra d’expliquer la raison ou le manque d’efficacité de ses interventions.
Pour Schön Donald A. (praticien chercheur du Massachusetts Institute of Technology) les enseignants expérimentés et compétents s’engagent souvent dans une analyse réflexive sur les actions. Cela leur permet de faire face à de nouvelles situations non familières ou problématiques de différentes façons. Cependant il observe deux niveaux de réflexion :
a) Analyse réflexive en cours d’action qui consiste à penser dans l’action. L’enseignant sait modifier son action au moment même où il agit selon la situation réelle. Ici, il fait preuve de créativité.
b) Analyse réflexive sur l’action qui comporte une démarche plus approfondie. Ici, l’enseignant est conduit à prendre une distance vis-à-vis de sa pratique quotidienne et à s’interroger sur le contenu et les raisons de son enseignement.
Au total, l’analyse réflexive exige cette double réflexion centrée sur les deux niveaux ci-dessus développés. Parce que le souci de s’interroger exige que l’enseignant tienne compte de ses expériences antérieures afin de lui permettre de modifier les expériences ultérieures qui guideront ses nouvelles actions. C’est dans ce processus que l’on peut légitimer le principe de continuité de l’expérience que soutient Dewey.

-Application directe de cette approche réflexive aux TIC
L’analyse réflexive est un processus continu, car elle encourage un retour de la pensée sur elle-même. Cette approche favorise le développement de la pensée analytique et de l’esprit critique. Elle aide l’enseignant à faire une analyse et une évaluation de ses propres actes en se référant à son répertoire de savoir constitué : savoirs scientifiques et professionnels. Ce savoir constitué de nos jours est le plus souvent numérisé et rendu disponible par les TIC.

II.1.1 L’approche « constructiviste » des TIC
-Rappel notionnel sur le constructivisme
Issu des travaux de Jean Piaget (1964), le constructivisme émet l’idée qu’un individu confronté à une situation donnée mobilise des structures cognitives ou schèmes opératoires dans le but de construire une vision personnelle des choses. C'est-à-dire que l’apprentissage se construit sur la base d’une activité mentale. Ainsi, en réfléchissant sur nos expériences, nous construisons notre propre vision du monde dans lequel nous vivons. Le constructivisme développe deux principes qui sous tendent l’apprentissage :
a) L’assimilation qui est une incorporation des informations de l’environnement au sein de la structure cognitive de l’individu. L’individu ne transforme pas sa structure cognitive mais y ajoute des éléments provenant de son environnement.
b) L’accommodation c'est-à-dire que lorsqu’intervient une résistance avec un objet ou une situation de son environnement, le processus d’accommodation modifie le structure cognitive de l’individu afin d’y incorporer les nouveaux éléments de l’expérience.
En outre, le constructivisme est une manière de penser le savoir, la référence pour construire des modèles de l’enseignement, de l’apprentissage et des programmes d’études. Il peut aussi aider à fonder une théorie de la communication. De cette communication découle quelques principes chers au constructivisme
. Apprendre est une recherche de sens. Par conséquent, apprendre doit commencer par des questions autour desquelles les étudiants essaient activement de construire le sens.
. Comprendre le sens exige d’appréhender le tout comme des parties. En fait, les parties qui doivent être comprises dans le contexte du tout. Par conséquent, l’apprentissage se concentre sur des concepts primaires, non sur des faits isolés
. Pour enseigner correctement, il faut comprendre et intégrer les modèles que les étudiants utilisent pour percevoir le monde et les hypothèses qu’ils font pour soutenir ces modèles
. Le but de l’apprentissage est de construire sa propre signification et non pas simplement d’apprendre par cœur les bonnes réponses
En somme, avec la théorie constructiviste, les enseignants se concentrent sur l’établissement de rapports entre les faits et favorisent les nouvelles compréhensions des étudiants, en optant de les faire participer dans leur processus éducatif. Ils adaptent leur enseignement aux réponses des étudiants et les encouragent à analyser, interpréter et prévoir l’information. Ainsi, les enseignants utilisent la méthode des questions ouvertes et favorisent le dialogue, car, les étudiants apprennent mieux quand ils s’approprient la connaissance par l’exploration et l’apprentissage actif.

II.1.2. L’approche « intégrationniste » des TIC
Cette approche fait la part belle à l’efficacité de l’enseignement et ne critique pas la relation pédagogique. En d’autres termes, c’est l’efficacité qui est prise en compte. Les pédagogues usent des TIC dans la mesure où elles favorisent la réussite de leurs enseignements. Parce que cette approche « intégrationniste » admet aussi toute forme de relation éducative, il y lieu de penser que les TIC jouent éventuellement le rôle d’intermédiaire entre les enseignants et les éduqués, car la rencontre physique n’est plus une obligation, c’est le résultat positif qui compte.

II.2. Approche inductive
Cette approche se préoccupe de donner de nouvelles connaissances et de les développer. Elle se fonde sur la didactique, sa pédagogie doit être centrée sur la personne, car les connaissances doivent être acquises avant même la mise à l’essai des théories ou pratiques. En effet, l’élève part d’une situation donnée par l’enseignant, ce qui suppose un raisonnement causal par analogie. Parce qu’on se réfère aux recommandations de l’enseignant qui est un guide dans le processus éducatif.

Tableau récapitulatif de l’approche inductive

Observation
Activités de manipulation
Hypothèses quant au fonctionnement
Formulation de règles par les étudiants sous la direction de l’enseignant
Raffinement des règles lors des activités ultérieures

NB : il est à retenir que l’approche inductive est inclue dans la démarche constructiviste. Car, nous sommes ici à la recherche de la connaissance que l’enseignant ne peut inculquer à l’étudiant qu’à condition de l’ouverture de l’éduqué qui est au centre de sa propre formation ou éducation.

II.3. L’approche à l’essai des TIC

Cette approche se constitue par une mise en œuvre qui implique que l’on s’imprègne en mettant en pratique ce qui a pu être descellé au cours de la recherche. Ici, nous sommes dans une démarche de production qui se veut expérimentale. Il faut exploiter ce que nous avons découvert dans la recherche, c’est en quelque sorte le ‘‘Learning by doing’’. C'est-à-dire le chercheur ‘‘se mouille’’ en utilisant les TIC tout en les découvrant. Ce qui ne va pas sans risque parce qu’il n’y a pas de repère encore moins la possibilité de corriger ce que l’on a fait.

III. INTERET DES TIC EN PEDAGOGIE
Il y a un réel intérêt à réfléchir sur les approches pédagogiques en éducation et les TIC.
Cependant la dynamique interne des TIC force le pédagogue à une approche marquée par l’humilité. Car il y a une difficulté à maîtriser réellement les TIC force à cause du changement rapide et toujours plus sophistiqué des appareils technologiques. De plus, L’efficacité de l’éducation à distance qu’offrent les TIC est mise en question parce qu’elle ne favorise pas l’acquisition des valeurs qu’offre l’enseignement présentiel, telles que la tempérance, la ponctualité, la rectitude de pensé et l’échange.


Les facteurs pédagogiques et méthodiques sont les facteurs qui ont trait à tous les aspects conceptuels et méthodiques : conception des programmes informatiques, organisation des enseignements, formation des concepteurs à l’approche technologique. Les TIC peuvent en occurrence aider à élaborer les contenus des programmes mais elles constituent aussi un élément de ces contenus. Alors que dans la deuxième assertion, elles sont des instruments, des outils complémentaires à la réalisation des programmes et objectifs éducatifs.
Il faut cependant reconnaître avec Monique Linard qu’un aspect fondamental de l’éducation est remis en question ; il s’agit de la relation d’altérité dont l’impact psychologique est universellement reconnu par la communauté des pédagogues. Dans « Des machines et des hommes ; apprendre avec les nouvelles technologies », elle précise que les TIC tendent à inverser les rapports entre les fins et les moyens ; « elles incitent ainsi à réduire toutes les données qualitative de l’expérience en objet quelconque, en laminant leurs différences et en éliminant la dialectique qui les maintient en contrôle réciproque ; avec toutes les dérives de pragmatique borné et totalitaire que cela implique » (Linard, 1990 : 12)


CONCLUSION

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